De l'invisible au visible


Astuce
 Pour ceux qui ne recherchent que des points  de repères  j'ai, à chaque étape de ce récit, inséré une synthèse* qui vous permettra de découvrir les signes qui auraient pu m'alarmer.
Aussi vous n'aurez qu'à faire défiler le texte pour en prendre directement connaissance.

*surlignée en jaune.

Préface


Il m'est impossible de dire quant a commencé réellement mon Burn-out, tout simplement parce que je n'avais jamais appris à faire attention à moi, à mes besoins.

Qui suis-je ?  

Professionnelle avant toute chose.
Volonté de toujours être parfaite et vivant mal ses défauts et ses lacunes.
Très exigeante envers moi. (et forcement envers les autres !!!!)
J'avais une force de travail supérieure à la moyenne, ne m'arrêtant quasiment jamais. On avait souvent du mal à me suivre et c'était souvent mal vécu par mon entourage. Je suis cette travaillomane (cf PCM) qui n'avait pas de temps pour discuter de plaisirs, de loisirs...
Quelle aubaine pour une entreprise ! J'étais un moteur, très impliquée et dynamique.
Ce "profil" fait de moi une personne vrai, altruiste, énergique, de confiance...et de l'autre côté du fleuve, une personne qui n'a pas su voir qu'elle se mettait en danger, quelle mettait son équipe en danger mais surtout qu'on la mettait en danger.

Mais revenons au commencement

Depuis plusieurs années, je puisais chaque jour considérablement dans mon capital énergie, sans jamais m'autoriser à recharger mes batteries. Avec le recul, je pense que tout à commencé vers 2002. J'aurai pu en 2003, 2004 même 2005 prendre des mesures et ne pas tomber dans la maladie mais je ne savais rien du Burn-out.

C'est en 2006 que tout à basculé, que tout s'est accéléré, trop tard pour enrayer le processus; je ne contrôlais plus rien ni mon cerveau, ni mon corps.

Cela montre qu'il est possible de pouvoir, à un certain stade du processus, arrêter la progression car il y a des signes qui sont révélateurs.

Une fois le dernier stade enclenché, il faut du temps, beaucoup de temps pour pouvoir recommencer autrement.

Zoom arrière ............2002 à 2003
Avance rapide

Divorcée, un enfant de deux ans à charge et un travail titanesque.

Mes responsabilités ? Pas de cahier des charges.
En charge d'une grande équipe (5 services) devant répondre à son management (motivation, développement des compétences, gestion salariale, organisation, réunions, informations, suivi, contrôle....) + litiges des clients + service trésorerie et des statistiques + création et gestion des procédures + sécurité des personnes + la formation des équipes + suivi des objectifs + recrutement + engagements + intégrations + gestion de projet + interface pour les problèmes liés à l'informatique + responsabilités cadre + et surtout coordination entre les départements et la hiérarchie +...
Et je pourrais en rajouter, croyez moi !!!
En écrivant cette liste cela me parait invraisemblable pour une seule et même personne de pouvoir faire face à cette charge. Et pourtant tel était mon quotidien au travail et je ne parle pas du terrain qui me prenait une majeure partie de mon temps (j'en faisais des kms). Je l'ai fais et je me permets de dire que j'y arrivais et même très bien.
Je suis engagée.  J'étais une référence pour l'entreprise et les équipes... Mais à quel prix !

Ma journée : Dès l'arrivée sur mon lieu de travail, c'était la course contre le temps qui commençait; généralement la pause midi n'était pas pour moi.

Le téléphone ( et souvent trois portables) ne faisait que de sonner, les emails indénombrables et les périodes infernales sans moyens suffisants.
Toujours en état de réactivité excessif (subir l'environnement, ne pas pouvoir prévoir...) et non de pro activité : j'en parlerai dans un article car c'est un des éléments qui, selon moi, favorise le risque du Burn-out et l'entreprise peut faire autrement.

Si je déléguais ? Heureusement! Comment aurais-je pu avoir ces résultats ?
Mes journées : entre 10h à 12 h de travail voir bien plus, souvent 6j/7
Si j'aimais cela : oui je dois le dire; l'équipe, l'entreprise était une famille.
Si je me rendais compte : Non

Et ma puce dans tout cela ? trois nourrisses en semaine. ( travail le samedi + les nocturnes en était la cause). Je tiens à dire que chaque moment passé avec elle était fait de qualité et d'intensité. Mais côté loisirs : rien.

Donc énormément de responsabilités avec les petits tracas de tous les jours que vous connaissez bien !
 
En cette période ma santé était très bonne, je n'étais jamais malade.
Pour la petite histoire :
Jamais malade à tel point qu'un jour j'ai eu besoin d'un simple remboursement sécu qui m'a été refusé car mon dossier avait été fermé : il me croyait morte car je n'avais jamais eu besoin de remboursement ... au téléphone je m'évertuais à leur dire "mais non je suis vivante puisque je vous parle!". A cela il me répondait "pas pour nous ! " ... (une histoire assurée).
Je sors du sujet.....

Premiers constats



- Vouloir que tout soit parfait, vouloir tout gérer
- Une vie personnelle difficile qui a été un accélérateur
- Mauvaise hygiène de vie
- Stress très intense et constant
- Pas de temps de repos, pas de loisir détente
- Une croyance excessive :  "le travail c'est la santé"
- Entreprise qui fonctionne uniquement sur la réactivité et travail constamment  dans l'urgence.

- Trop de charges, pas de cahier des charges
- Des moyens toujours en recul
- Donner énormément aux autres et rien à soi
- Ne pas savoir dire NON, tout m'intéresse !


2004......début des signes

Le papa prend enfin sa fille avec lui chaque semaine. j'ai donc un peu plus de temps pour moi.

Je continuais cette cadence dans mon travail, de toute façon c'était devenu si normal que je ne me posais aucune question.

Ce qui changeait, je pouvais sortir le soir, et je le faisais mais avec l'équipe et l'encadrement..... en réussissant à préserver ma position de manager au travail.
En semaine, le WE, et quelques nuits blanches à la clé....Je rattrapais le temps perdu du métro, boulot, dodo.
Cet esprit de grande famille se renforçait. 

Les premiers signes se sont fait ressentir.
Difficulté de m'endormir malgré mon rythme de travail et de ce fait grande difficulté 
pour me réveiller. Quelques tics nerveux (au niveau de l'oeil surtout) sont apparus.
J'étais de plus en plus irritée par des choses sans importance.
Je commençais à me sentir dépassée par les évènements avec quelques crises de larmes inexpliquées pour des petits riens.
Je commençais à avoir des oublies et de l'inattention.
J'ai commencé à avoir des rhumes à répétition et j'ai développé un virus cancérigène qui a accru mon état d'angoisse.

Qu'ai-je fais ? J'ai refusé, j'ai fuis et je redoublais de travail; On m'en demandait encore plus, bien que tous pouvait voir sur mon visage cette fatigue qui se creusait jour après jour.

Plus (+) de gestion de projets et de responsabilités, l'entreprise était en train de se développer fortement.
Il fallait tout de suite, pour hier, maintenant, tout en gardant la même performance; sans plan d'action, sans réflexion, avec des moyens coupés.
Je vivais, quant à moi, dans une spirale infernale sans aucune prise de recul possible. 

Il aurait été inconcevable que je parle de charges trop importantes afin de trouver des solutions ! La réponse je la connaissais (l'ayant déjà eue). Il ne s'agit que d'un problème personnel d'organisation ! Facile, non ? Les mots étaient là pour rabaisser mais les formations et l'information n'étaient pas au programme.

Pas de vision, pas d'objectifs clairs, peu de reconnaissance, pas d'écoute, un faux semblant de management participatif.
Pour les projets même constat : on devait savoir-faire, par enchantement, sans jamais avoir appris de méthode. On se formait sur le tas, sans référence et nous devions  pallier aux nombreuses erreurs qui auraient pu être évitées si on nous avait laissé du temps pour apprendre, mettre en place...


Les bases de mon métier je les ais appris seule.
J'ai eu tout de même cette chance d'avoir participer à un cursus de formation en management, trois ans après ma prise de poste mais aucun suivi, aucune coordination entre les encadrants, aucun feed-back. La gestion du terrain reprenait vite le dessus même si, grâce à ce cursus, j'ai pu utiliser de nombreux outils. (manquait notamment des réunions utiles, des formations indispensables telles que la gestion du temps, la gestion du stress, l'adéquation au changement....)

Qu'est-ce qui me faisait accepter ? Tout d'abord, je n'avais pas le temps de me poser de vraies questions sur ma charge de travail, ensuite, l'esprit de famille cachait les conditions de travail que nous subissions. Impliquée, j'aimais mon travail et me sentais responsable de l'équipe. Et surtout, je ne savais pas qu'on pouvait s'épuiser par le travail et mettre sa vie ainsi en danger.

Je m'interdisais de flancher, pas moi ! Impossible. Je devais être exemplaire pour l'équipe.
Tant que j'y arrivais, l'entreprise continuait à me rajouter missions sur missions jusqu'au point de rupture; et cela ne posait de problème à personne si j'accumulais les heures et devais rallonger mes journées : signes bien visible pour l'entreprise d'une charge de travail trop lourde ou d'un problème à résoudre.

.../...

L'équipe était avec moi malgré mon exigence car j'étais à leur côté, avec eux mais cela dérangeait de voir une équipe si soudée.

On a été jusqu'à me reprocher que je mettais trop d'attention à effectuer les bilans d'évaluations, qu'1/2 h par personnes suffisait . J'ai appris plus tard que les rapports des bilans d'évaluations étaient dès réception classés à la verticale !  Peu importe car c'est bien l'un des moments les plus important en terme d'échanges, de motivation...Doit-on s'obliger à ne pas être trop dans l'excellence ? Ridicule n'est ce pas ?

Et le pire arriva : encore un manque de projection de l'entreprise qui allait me mettre à genoux. Fin 2004 mon seul et unique assistant est promu.(aujourd'hui ils ont mis en place, pour cette fonction, deux assistants et ce n'est pas de trop).
Donc très bonne nouvelle, bien sur. C'est important pour moi d'accompagner tous les collaborateurs qui le souhaitent dans une évolution professionnelle.
Seulement, la décision est intervenue en dernière minute pendant mes vacances et je me suis retrouvée sans assistant pendant 6 mois !!!!! et cela pendant la plus importante période de l'année. Inutile de recruter de suite, il (elle) n'aurait pas été formé à temps ...je n'avais pas le temps, nous étions en plein boom. Rien n'avait été pensé, ni les conséquences, ni la mise en place de solutions.
Le pire est qu'il n'était pas prêt pour ce poste mais on ne m'a pas demandé mon avis....résultat licencié au bout d'un an !

"Ensemble" ne faisait pas partie de l'orientation managériale !
La notion de problème était vécu comme stress et non pas comme un appel à des recherches de solutions. Tout était décidé sur le vif.

J'étais la seule qui formait mes collaborateurs sur leur progression.De toute façon, ils étaient assurés que je ferai tout pour que les services fonctionnent !!!! Je serai incapable de dire comment j'ai traversé cette période. J'étais devenu directive avec mon équipe, je ne pouvais tolérer aucun écart. A mon tour, j'étais en train de les stresser quotidiennement. Mon équipe m'a suivie car ils savaient et avaient confiance en moi...
Je n'avais pas le temps de me sentir fatiguée.

suite des constats

- Pas de prise de recul
- signes de fatigue
- baisse du système immunitaire
- nervosité
- pleures
- Déni
- Inconscience de l'entreprise
- pas de vision
- Pas de formation
- Réunions inefficaces, pas de coordination
- Pas d'intégration
- pas de progression d'évolution
- stratégie globale des RHs inexistante...
- Un management sans sens, sans réflexion ni stratégie
- pas de gestion du temps et de gestion d'organisation
- peu d'échanges

2005...la descente aux enfers

Après cette période difficile, mon corps commença à me lâcher. Je ne comprenais pas. Malade tout le temps et à répétition pendant plus d' 1 an. Je sentais que mes jambes ne me portaient plus comme avant. je commençais à avoir des tremblements. Impossible de récupérer de ma fatigue.
Mon énergie était très diminuée.
J'ai décidé alors de faire plus de sport pour me redonner du punch. J'accélérais ma chute bien entendu. Le sport est important pour sa forme et son énergie mais quand votre état est à tel point diminué, il vaut mieux prendre d'autres mesures que de l'user encore plus.

Et pourtant j'ai continué. J'étais moins vive, je me sentais moins réceptive et de plus en plus souvent très irritée. Emotionnellement, j'étais instable.
Sans savoir ce qui m'arrivait, j'ai laissé de côté certaines tâches pour me dégager de charges que je n'arrivais plus à tenir. J'étais moins regardante sur les résultats non opérationnels. Comment pouvais-je faire autrement ? Mais cela me rongeais et je culpabilisais.
Pour la première fois de ma vie, j'ai dû me mettre en arrêt maladie pour une semaine.
J'arrivais de plus en plus tardivement au travail.

Je commençais à ne plus être aussi motivée, me demandant parfois si je n'allais pas changer de métier. De moins en moins d'envies, de moins en moins de plaisir dans mon travail. Tout devenait dur, sans intérêt. Tout devenait terne. Ma seule motivation était l'équipe.
Ma voix devenait de plus en plus faible, on avait du mal à m'entendre.
Je stressais de plus en plus l'équipe (effet domino). Hélas, je m'en suis aperçue qu'après mon départ quand il y eu deux personnes arrêtées pour dépression. Comment aurais-je pu le voir dans mon état ? mais d'autres auraient pu et avaient vu.

Pour me motiver, j'ai pris une autre décision : reprendre une formation.
Ce que j'ai fait. Et oui, j'étais en train de me rajouter du travail. Mais je ne savais toujours pas ce qui m'arrivait. Je pensais que ce travail ne m'intéressait plus et qu'il me fallait une source d'enrichissement pour retrouver ma motivation.
Par contre, je sentais qu'il fallait absolument que je n'accepte plus de faire autant d'heures et je m'obligeais,enfin, à respecter des horaires. Ce qui a déplu même si je continuais à être des plus présente. Toujours aucun échange.

J'ai commencé à avoir des accidents de voiture. De plus en plus souvent, mon esprit partait loin de la réalité, se déconnectait sans crier garde. J'avais des absences.
Côté personnel, il m'arrivait de plus en plus de catastrophes qui étaient directement liées à mon état et qui m'enfonçaient un peu plus de jour en jour.
J'ai commencé à boire plus souvent de l'alcool, le soir après le travail, surement pour fuir l'évidence.

Dans l'entreprise c'est une véritable désorganisation.

Exemple : les budgets validés puis revues deux semaines après, d'incessants aller/retour jusqu'au mois de juin....
On ne savait plus si l'on pouvait où pas.....
Nos objectifs, nous les avions alors que 6 mois s'étaient déjà écoulés et que nous avions déjà donner ceux de nos équipes.
Certaines procédures arrivaient en fin de mission quand il était trop tard pour agir....Les informations nous les avions à l'arraché et parfois même nous les avions
grâce aux clients.
Nous faisions tout au ressentit sans coordination, ce qui provoquait beaucoup de tension entres les cadres. Et nous étions responsables de nos actions sans chef d'orchestre.
Si je n'ai jamais hésité à dire haut ce que je pensais (pas pour moi, hélas) c'était toujours dans l'esprit de faire évoluer la situation des équipes. Parfois je suis allée loin dans mes remarques, je l'avoue. Je n'avais pas de langue de bois, et j'aurai pu communiquer autrement. Je suis une passionnée.

2005 fut l'année la plus insignifiante pour moi et pourtant c'est celle qui a été la plus représentative de ma chute. C'est à cette période que l'évidence était visible; il aurait été encore possible d'éviter un si profond abime si j'avais su, s'ils avaient voulu voir.
Fin 2005, je savais qu'il fallait que je parte pour ma survie mais je ne savais toujours pas comment j'en étais arrivée là !!
J'ai réussi cette fin d'année mais le coeur n'y était vraiment plus.
Je ne sais pas comment j'ai pu tenir ? Je ne sais pas où je puisais pour tenir debout. Et je me pose encore la question. J'ai vidé mes ressources les plus vitales pour continuer. Pour quoi faire ?

Constats

- Ignorance
- Déni
- Baisse de motivation
- Changement de comportement
- Maladies à répétitions
- Fatigue
- Alcool
- Forte colère
- Corps en papier
- Tremblements - Impatience
- Désintérêt inhabituel
- Aucun signe de reconnaissance
- Pressions (incompréhensibles encore aujourd'hui)
- Désorganisation
- Non sens
- Tensions, conflits


Comment ne pouvaient-ils pas voir ?

....la chute



Janvier on me voit défaillir, on me voit pleurer et on fait comme si.......
Ma tension varie entre 7 et 9. Régulièrement, à mon travail, je me rends en pharmacie pour contrôler. Souvent le sol tourne et tourne.
Je tremble de plus en plus. Encore un accident sur l'autoroute.
Ma mémoire est en baisse.
Je ne dors plus que deux à trois heures par nuit.
J'ai de graves problèmes de concentration. En réunion de direction, j'ai des trous noirs.
J'ai peur, j'ai honte et je ne sais toujours pas ce qui m'arrive.
Je ne peux plus, je ne veux plus rien...et pourtant je continue encore.

Une chose est certaine je dois partir pour l'équipe, pour mon travail.
J'en parle à mes proches pour me forcer à agir.

Voici une anecdote, au moment de ma prise de conscience, montre à quel point j'étais touchée :
Un soir, j'étais restée avec quelques collaborateurs autour d'un verre. Je me sentais bien, je riais, l'ambiance était joyeuse, cela faisait du bien.
Et voilà, qu'en prenant mon transport habituel pour rechercher ma voiture, j'ai eu une terrible angoisse (ma première). J'envoie alors un message à un ami, informé de ma décision de partir, lui disant : "je n'arriverai jamais à quitter mon poste". Je savais que ma vie en dépendait ! J'étais pris au piège, perdue, désorientée.
En rentrant de chez moi, j'ai juste eu l'état d'esprit de dire à mon compagnon "cache tous les cachets, je ne contrôle plus rien".
La dépression était installée. Mon esprit était comme sortit de mon corps, regardant la chute mais ne pouvant plus rien gérer.

La pression était de plus en plus forte; pas de véritable communication: moins de collaborateurs, nos budgets coupés, chantage sur les primes, obligation de licencier sans raison visible....l'entreprise changeait, n'avait plus de valeurs, selon moi.

Tout arrivait sans crier garde, un coup de téléphone rien de plus pour dire "il faut". Il régnait une ambiance de malaise terrible et de peur. Nous n'étions plus que des soldats.
Je tenais le coup pour cette équipe, pour ce sentiment d'appartenance.

Février, je me décide, enfin, à aller voir mon médecin qui me donne, comble du comble, une semaine d'arrêt et des somnifères. Elle n'a rien vu, aucune question.

En retournant au travail, j'ai décidé de parler ouvertement à mon responsable. Par honnêteté, je lui ais expliquée que je ne pourrai pas assurer la fin de l'année vu mon état de santé et qu'il fallait que je prenne une décision.
Et là, tout s'emballe. L'impensable arrive, moi qui avait tant fait pour cette entreprise; qui avait mis en place de nouveaux services qui ont permis de faire grimper les ventes.
Ils ne pouvaient plus rien prendre de moi, on pouvait me jeter !

La réaction de ce responsable fut d'annoncer à la direction ma volonté de partir, ce qui était faux. Me mit en porte à faux face à mes collègues, me téléphonant tous les jours pour que je signe mon départ. Il avait même trouvé une remplaçante alors que je n'étais pas encore licenciée et me l'a même annoncé !
J'ai demandé un poste à plus faible responsabilité, à mi-temps, le temps de pouvoir me refaire une santé, ce qui m'a été refusé (pas la politique de l'entreprise!).


Vous imaginez bien que, dans mon état, j'ai vite été dépassé par les évènements et n'en pouvant plus j'ai signé. Deux jours après, alors que j'étais en Rh (Repos hebdomadaire), ce responsable s'est empressé de placarder une annonce pour informer de mon remplacement. Deux ans plus tard, cette personne se mettra en arrêt maladie pour dépression et portera plainte pour mobbing.

Je n'ai compris mon état que durant mon préavis. Le jour même de mon retour de mes vacances, après trois semaines de repos. A peine mes affaires posées, on me prévient que je dois faire ...et faire  ....et faire....
Je craque, je m'enferme dans mon bureau éreintée, épuisée dès le premier jour de reprise. C'est à ce moment que j'ai compris la gravité de mes symptômes.
Je n'arrivais plus à comprendre et gérer normalement mes émotions.

Enfin, je me décide. J'appelle un médecin qui m'avait été conseillé et là le diagnostic tombe soit je m'arrête tout de suite soit il m'hospitalise immédiatement. Bien entendu, j'accepte de m'arrêter en longue durée avec l'obligation d'une consultation hebdomadaire.

J'avais enfin compris que ma vie était en danger !

Constats

- Aucune politique "active" de RHs

- Changement brutal de Direction
- manque de sens et de vision ne serait-ce qu'à CT
- Refus, déni de l'entreprise
- aucune considération
- Faux semblant de bilan d'évaluation
- Mobbing
- Aucune communication
- Honte
- Perte de confiance en soi
- dépression
- Médecin incompétent ou pas formé ?

J'ai terminé avec plus de 900 heures sup "vérifiables" ! Je dis "vérifiables" car pour beaucoup d'entre elles comme mes déplacements, le travail amené à la maison, les heures cachées comme les dimanches et les jours fériés...ne pouvait être comptabilisées et prouvées.




Mais mon combat contre le burn-out ne venait que de débuter.

Voir article "Poupée de chiffon"



Depuis peu, j'ai appris que mon ancien responsable avait annoncé que sa plus grande erreur professionnelle avait été son comportement envers moi; Et a reconnu que mes résultats étaient excellents.
Jusqu'à ce qu'il dise : "on pourra dire tout ce que l'on voudra mais c'était une pro"
Depuis peu, j'ai appris qu'ils avaient enfin formés deux assistants.
Depuis peu j'ai appris que l'équipe est bien plus importante.
Depuis peu, j'ai appris qu'ils avaient compris le rôle (alors que ces services sont dit "non productif") majeur des services que je gérais.
Depuis peu, j'ai appris qu'ils remettaient en place la majeur partie de mes actions qui avaient été abandonnées.
Depuis peu, j'ai appris que mon combat pour faire reconnaître ces métiers avait fait son petit chemin.
Mais jusqu'à quand ? rien n'est marqué dans le marbre !

Et ce qui me restera de l'équipe est cette phrase qu'ils aimaient prononcer les jours difficiles :
 "On ne change pas une équipe qui gagne".

 


*L'Ennéagramme n'est pas une typologie profils où l'on met en boîte, loin de là! Rien à voir avec une secte annoncé lors d'une émission de télévision reconnue !


25/04/2009
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